Comment anticiper les étiquettes à impacts ?
Et si la lutte contre les discriminations et les mauvaises pratiques sociales passait par un marquage ? Via un « affichage social » des biens et des services commercialisés à l’image de l’affichage environnemental ? On verrait alors apparaître un prix, un coût ou une valeur sociale. Bref, une aide à la prise de conscience pour changer.
C’est dans cette perspective que la Plateforme RSE publie un avis accompagné de 17 recommandations, pour garantir les conditions de créations et de réussites d’un dispositif d’affichage social sur les biens et services.
Il s’agirait d’un dispositif volontaire prévu par la loi 2021-1104 du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique.
L’étiquette consiste à mettre à disposition auprès des acheteurs une « information sur les conditions sociales de fabrication des produits » ou service commercialisé.
L’étiquette marque
C’est une évolution majeure qui s’annonce. La communication va être transformée. Les entreprises les plus toxiques socialement pourront être marquées à terme. Même sans étiquette. A leur tour, elles pourront être discriminées et exclues par les investisseurs et les consommateurs. Les mauvaises pratiques en matière d’emploi, de sécurité ou de formation seraient indiquées. L’impact néfaste d’une entreprise en matière de développement local ou d’achats non responsables seraient indiquées. Les entreprises les moins altruistes seraient stigmatisées et donc condamnées à évoluer ou à mourir.
Mais avant cela, l’expérimentation vise à décortiquer les méthodologies et à définir collectivement des critères sociaux précis. Ce qui est complexe. Car il s’agit d’élaborer des pistes pour établir des indicateurs communs afin de classer et de mesurer les différentes dimensions sociales (âge, sexe…) et, in fine, apporter des informations sur les progrès.
L’étiquette sociale comme distinction ?
Cette initiative croise plusieurs innovations : sociale, organisationnelle, technologique, réglementaire et financière. Elle répond également aux attentes des français, dont 72 % sont mobilisés pour une consommation responsable, selon la dernière étude Ademe/Green Flex de mai 2021.
Elle s’inscrit surtout dans la réflexion réglementaire européenne liée à la taxonomie de la finance durable. Cet outil partagé vise, via les financements, à atténuer les effets du changement climatique, à accélérer l’économie circulaire, à protéger les ressources et à assurer la protection de la biodiversité. Cependant, la taxonomie ne prend pas en compte la dimension sociale qui est pourtant au cœur de la finance à impact et de l’économie de demain.
Pour y remédier, un groupe de travail européen planche sur la réalisation d’une taxonomie sociale. Elle reposerait sur trois piliers structurants : le respect des droits, la gouvernance et l’alignement aux objectifs de développement durable de l’ONU et, enfin, l’amélioration des conditions de vie.
Quelle est la valeur de l’étiquette ?
Dans la pratique, la taxonomie de la finance durable évalue 67 activités économiques, comme l’industrie, le transport ou encore l’énergie. En plus de la durabilité, les entreprises volontaires vont devoir remettre en cause certaines de leurs activités, y compris soutenables. Par exemple, une entreprise de production d’énergie renouvelable devra respecter de bout en bout les droits de salariés où qu’ils soient. Dans le secteur des technologies, les entreprises devront développer des intelligences artificielles qui ne biaisent pas les recrutements. Une entreprise de transport devra veiller à la dégradation des environnements sociaux et s’assurer de la sécurité pour éviter tout accident…
La mise en place d’une étiquette d’impact social positif pourrait accélérer les transitions en orientant l’argent vers les structures et les actifs les plus responsables, tout en dépréciant les moins engagées. Elle pourrait conduire à un affichage distinctif et valoriser pleinement les entreprises les plus aptes à répondre aux enjeux climatique et économique, tout en servant l’intérêt général.
Une entreprise sans étiquette interrogeait le public ou les consommateurs. Elle enverrait un signe négatif, une marque de non engagement et une volonté de fermer les yeux sur les enjeux sociaux.
Car l’étiquette permet d’avoir réponse à des questions essentielles. Comment le produit est-il fabriqué ? Par qui ? Où ? Lequel choisir ? En éclairant le consommateur, elle serait au centre des décisions. Les actes de nos achats deviendraient alors une solution pour changer. Les marques doivent très rapidement s’en préoccuper pour mener une communication responsable. L’enjeu est alors de mettre en cohérence sa manière d’exercer, les valeurs de l’entreprise avec un mode de vie durable. Cette nouvelle régulation qui va s’intensifier va permettre d’écarter les mauvaises pratiques de marques non responsables.